Les Cap-Verdiens élisent leurs députés, dimanche 18 avril, avec à l’esprit l’état de leur économie et de leur secteur touristique – durement affectés par la pandémie de Covid-19 – bien plus que l’exemplarité démocratique qui fait pourtant de leur archipel une exception durable en Afrique.
Indice de cette singularité sous les tropiques, l’issue de la consultation est incertaine entre les deux partis historiques, quand, ailleurs au cours du même mois, le président de Djibouti vient d’être réélu avec 98,58 % des voix après vingt-deux ans à la tête du pays, que celui du Bénin l’a été avec 86 % et que celui du Tchad, au pouvoir depuis trente ans, attend sans trembler la confirmation d’un sixième mandat.
Une nouvelle alternance est même envisageable entre le Mouvement pour la démocratie (MPD, centre droit), du premier ministre Ulisses Correia e Silva, et le Parti africain pour l’indépendance du Cap-Vert (PAICV, socialiste), de Janira Hopffer Almada, qui ambitionne de devenir la première femme à diriger le gouvernement de cet archipel de 550 000 habitants en plein Atlantique, à environ 600 km au large du Sénégal.
Ce changement de majorité serait tout sauf inédit depuis l’instauration du multipartisme, qui avait mis fin au régime du PAICV comme parti unique, en 1990, et les premières élections libres de 1991. En 2016, le MPD avait défait le PAICV, au pouvoir depuis quinze ans, en s’assurant une majorité absolue de 40 sièges sur les 72 de l’Asssemblée nationale, chambre unique du Parlement.
C’est cette configuration qui est remise en jeu dimanche, en un seul tour. Et après une campagne rythmée par les meetings festifs où les partisans des candidats ont dansé en musique, tout indique qu’alternance ou pas, les résultats seront acceptés sans les violences, les contestations ou simplement les suspicions qui ternissent tant d’élections sur le continent.
À 42 ans, l’avocate énergique et élancée, ancienne ministre elle aussi, pourrait devenir la première femme cheffe du gouvernement en cas de victoire de son parti, après être devenue la première présidente (et la plus jeune) du PAICV en 2014. Quatre autres petits partis briguent les suffrages. Les résultats provisoires sont attendus dès la nuit de dimanche à lundi. Les Cap-Verdiens éliront leur président le 17 octobre. Dans ce système semi-parlementaire, le premier ministre domine l’exécutif, le président exerçant un rôle d’arbitre.